« Tout animal a des idées puis qu’il a des sens, il combine même ses idées jusqu’à un certain point, et l’homme ne différe à cet égard de la Bête que du plus au moins : Quelques Philosophes ont même avancé qu’il y a plus de différence de tel homme à tel homme que de tel homme à telle bête ; Ce n’est donc pas tant l’entendement qui fait parmi les animaux la distinction spécifique de l’homme que sa qualité d’agent libre. La Nature commande à tout animal, et la Bête obéit. L’homme éprouve la même impression, mais il se reconnoît libre d’acquiescer, ou de resister ; et c’est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son ame : car la Physique explique en quelque maniére le mécanisme des sens et la formation des idées ; mais dans la puissance de vouloir ou plûtôt de choisir, et dans le sentiment de cette puissance on ne trouve que des actes purement spirituels, dont on n’explique rien par les Loix de la Mécanique. » (p. 141-2)